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Saint-Eloy-les-Mines en 1939-1945
9 et 10 juin 1944, une tragédie souvent méconnue à ne pas oublier
Un événement dramatique dans la petite histoire de Saint-Éloy-les-Mines
La Seconde Guerre mondiale est un chapitre important de l’Histoire de France, et la commune de Saint-Éloy-les-Mines a vécu deux journées dramatiques pendant cette période, au cours desquelles plusieurs victimes ont perdu la vie. Ce village aurait pu connaître les mêmes atrocités qu’Oradour-sur-Glane.
Un village minier marqué par les tensions de l’occupation
Au début du 20e siècle, Saint-Éloy-les-Mines, encore peu peuplée, se développe grâce à ses mines de charbon. En mars 1943, dans un rapport de police, la ville est qualifiée d’ »anti-armée allemande et anti-gouvernement Pétain », à la suite d’une enquête sur des graffitis et des dégradations visant des bâtiments de partisans du gouvernement de Vichy.
L’attaque du convoi allemand et la mort de Lionel DIONNET
Le 9 juin 1944, un convoi allemand traversant Saint-Éloy-les-Mines est attaqué par des maquisards des Forces françaises de l’intérieur (FFI). Lionel DIONNET, jeune résistant, est tué pendant l’assaut. Le lendemain au cours des obsèques de ce jeune partisan, en représailles, l’armée allemande abat trois civils et arrête un otage pour un interrogatoire à Clermont-Ferrand où il sera fusillé.
Une embuscade en plein centre de Saint-Éloy-les-Mines
Ce vendredi 9 juin 1944, l’armée allemande, en repli vers la Normandie pour renforcer les troupes face au débarquement allié, traverse la place du marché de Saint-Éloy-les-Mines. Un motocycliste en tête de convoi est blessé. Les soldats, armés et entrainés, ripostent immédiatement, forçant les assaillants à se replier sur la route des Bayons. Gabriel DIONNET, isolé sur la place, continue à tirer à plat ventre au milieu de la place jusqu’à ce qu’il soit abattu. Après cet attentat, les allemands récupèrent leurs blessés et partent en direction de Montluçon tandis que le corps du maquisard est placé dans le bâtiment de l’ancienne mairie.
Les funérailles de Gabriel DIONNET et l’arrivée des troupes allemandes
Par patriotisme, la municipalité éloysienne décide d’organiser les obsèques de Gabriel DIONNET le lendemain, à 16h, en pleine journée de marché. L’information est largement divulguée malgré les obligations de discrétion imposées par les autorités occupantes.
Le 10 juin 1944, une foule imposante se réunit pour accompagner Gabriel DIONNET au cimetière, situé à l’époque à proximité du Vieux Bourg.
Vers 16h, informée de cette cérémonie interdite, l’armée allemande encercle la ville et tire pour disperser la foule.
Plusieurs habitants et visiteurs sont pris dans la violence de la répression.
Louis BRUN est tué dans son champ au-dessus du Vieux Bourg, d’une balle dans le dos (son corps est retrouvé vers 17h).
Émilie GROSBOIS, Alexandre DUPERRAY et Mme SOMMER, en route pour assister aux funérailles, décident de faire demi-tour au lieudit l’Eteillet. Emilie GROSBOIS est abattue. Alexandre DUPERRAY et Mme SOMMER se jettent à terre et emmènent ensuite le corps dans une maison voisine. en tentant de s’échapper.
Jeanne EGLIZAUD, née LAMOINE, habitante au Sucharet, vient chercher son fils parti aux obsèques après avoir entendu des coups de feu. Elle est tuée en pleine tête d’une rafale de mitrailleuse. Son fils, assisté de passants effrayés, ramènent la victime à son domicile.
La négociation en mairie et le sort de Rémy Beaune
Ismaël BEAULATON, maire remplaçant par intérim d’Alexandre VARENNE, est interrogé en présence du motocycliste de la Wehrmacht blessé la veille. Celui-ci demandait en représailles de tuer des otages et brûler la ville. Pour assister aux tractations en mairie, figuraient également Paul BROCHET, interprète et habitant de la commune, M. NODOT, directeur des mines de la Bouble, M. LOUSTEAU, directeur des Houillères du centre et Rémi DURIN, adjoint. Après d’âpres négociations, les Allemands repartent vers 19h en ne mettant pas le feu à la ville, mais en emmenant un otage, Rémy BEAUNE. Il est interrogé dans la prison du 92ème régiment à Clermont-Ferrand puis fusillé à Orcines le 13 juillet 1944.